Tours, 21 rue du Petit Soleil ; 24 rue de la Monnaie
Bien que mutilée, la maison du 21 rue du Petit Soleil révèle une façade Renaissance, élevée en retrait de la rue et permettant de mieux l’observer. Située près du carroi aux Chapeaux (l’actuelle place Plumereau), l’édifice se développe sur une parcelle étroite mais présente les caractéristiques d’un hôtel : un portail muré avec une entrée, un bâtiment ordonné autour d’une cour et une tour d’escalier hors-oeuvre [Guillaume, Toulier, 1983, p. 16-17].
Ce petit hôtel « en forme de maison » s’élève sur un sous-sol, trois étages carrés et un étage de comble. D’après le dessin de Gatian de Clérambault publié en 1912, ce petit hôtel avait déjà perdu une partie de son pignon à cause de son mauvais état. Les restaurations de 1985 ont consolidé le pignon mais non rétabli le toit à deux versants qui avait une forte pente [Base POP, IA00071332]. En outre, la largeur du pignon et le plan indiquent que la façade se développait sur trois travées. Un escalier postérieur est venu masquer la troisième Travée de gauche [Toulier, 1980, p. 86].
Aux premier et deuxième étages, des arcades surbaissées retombent sur des pilastres cannelés surmontant des colonnes engagées aux chapiteaux composites ornés de feuilles d’acanthe et de volutes. Les écoinçons sont ornés de médaillons et de bouillon de feuillages. Parmi le décor assez effacé, des profils à l’antique d’empereurs couronnés de laurier, inspirés de la Rome antique, se distinguent encore aujourd’hui dans la travée de gauche [Guillaume, Toulier, 1983, p. 13]. D’autres portent les têtes d’une femme et d’un homme, certainement des époux, qui arborent des coiffes du début du XVIe siècle. Les arcades devaient être originellement à claire-voie, formant ainsi des loggias qui servaient de galerie de communication.
Les loggias de ce petit hôtel appellent la comparaison avec les trois avant-corps ouverts de loggias de l’hôtel Goüin, construit vers 1510 [Guillaume, Toulier, 1983, p. 19]. Quant aux médaillons portant des profils à l’antique de la première Renaissance, ils deviennent courant vers 1510-1515 [Thomas, 1998, vol. I, p. 27]. Parmi la riche ornementation du cloître de Saint-Martin construit entre 1508 et 1519, on distingue ce type de tondo inscrit dans une coquille maladroitement modelée [Thomas, 1998, vol. I, p. 28]. Le traitement stylistique des écoinçons de ce petit hôtel se rapproche aussi de ceux de la chapelle de l’hôtel de Beaune construite en 1518. Ces comparaisons permettent d’estimer la construction de la maison au 21 rue du Petit Soleil postérieure aux années 1515-1520.
Bibliographie
Base POP, IA00071332.
Guillaume Jean, Toulier Bernard, « Tissu urbain et types de demeures : le cas de Tours », dans Guillaume Jean, Boudon Françoise, Babelon Jean-Pierre et al., La maison de ville à la Renaissance : recherches sur l’habitat urbain en Europe aux XVe et XVIe siècles, actes du colloque tenu à Tours du 10 au 14 mai 1977, Paris, Picard, 1983, p. 9-24.
Thomas Évelyne, Le décor de la première Renaissance, thèse de doctorat d’Histoire de l’Art sous la direction de Jean Guillaume, CESR-Université de Tours, [1998].
Toulier Bernard, « Les hôtels », dans Toulier Bernard (commissaire), L’architecture civile à Tours des origines à la Renaissance, Mémoires de la Société archéologique de Touraine, in 4°, X, 1980, p. 81-94.